Le 18 juin 2021, la Fédération des femmes acadiennes de la Nouvelle-Écosse (FFANE) a invité les femmes de la communauté à participer à une conversation informative sur le thème « La réconciliation et les écoles résidentielles ».
La FFANE a invité Mme Brenda Christie, travailleuse sociale dans le programme de soutien en santé: résolution des questions des pensionnats indiens au Atlantic Policy Congress of First Nations Chiefs Secretariat. Elle est aussi anciennement une représentante du regroupement Femmes Action Halifax au niveau provincial de la FFANE. Dix participantes de partout à travers la province se sont connectées virtuellement à cette rencontre.
Nous vous invitons à découvrir ce qui s’est dit pendant cette conversation informative grâce à cet article rétrospective !
Brenda a d’abord rappelé que le premier pensionnat a ouvert en 1883 en Ontario et que le dernier pensionnat a fermé en 1996 en Saskatchewan. Au total, 120 pensionnats ont été actifs partout au pays en l’espace de 113 ans. En Nouvelle-Écosse, l’unique pensionnat de la province à Shubenacadie a fermé ses portes en 1967 et a été démoli. Plus de 5 000 enfants autochtones ont franchi ses portes. Au Canada, ce sont environ 150 000 enfants qui ont subi les abus perpétrés dans ces établissements.
En effet, Brenda a rappelé que l’objectif de cette politique fédérale des pensionnats était de « régler le problème autochtone », autrement dit d’arracher les enfants à leur famille et à leur culture pour les éduquer selon les principes des colons. Les enfants étaient séparés de leur fratrie, dépossédés de leurs vêtements, punis et violentés pour parler leur langue, obligés d’abandonner leurs traditions et leurs coutumes… Sans compter qu’ils étaient parfois victimes de travail forcé, d’abus sexuels et de malnutrition. Exposés à la violence et séparés de leurs familles, les enfants ont perdu leur sentiment d’appartenance à leur communauté et à leur culture et cela a conduit certains à adopter des mécanismes de survie et d’adaptation qui reproduisent les schémas violents qu’ils ont subis dans les pensionnats, comme la violence conjugale et familiale, la toxicomanie, l’alcool… Il s’agit d’un cercle vicieux de violence qui entretient les stéréotypes que l’on peut voir et entendre aujourd’hui dans les médias et les conversations.
Photo ci-dessus : “Classe de fillettes mik’maq au pensionnat indien de Shubenacadie, Nouvelle-Écosse, 1929″ by BiblioArchives / LibraryArchives
Au sujet des 215 enfants autochtones retrouvés dans un pensionnat à Kamloops, Brenda précise que cela fait plusieurs années que des recherches sont faites dans les pensionnats pour retrouver les enfants autochtones disparus. À Shubenacadie, les recherches n’ont pour l’instant pas permis de trouver des enfants disparus, mais Brenda précise que certains pensionnats disposaient de fours crématoires et qu’il est probable que de nombreux enfants ne soient jamais retrouvés.
À la suite de cette présentation, les participantes ont été invitées à poser des questions et à partager leurs expériences. Beaucoup ont reconnu l’importance d’éduquer et de sensibiliser la population aux horreurs vécues par les populations autochtones. L’importance de la réappropriation par les peuples autochtones de leurs langues, de leurs traditions et de leurs cultures a aussi été évoquée. Enfin, une participante a partagé l’histoire de Elsie Charles Basque, une femme et enseignante Mi’kmaq. Elle a survécu au pensionnat de Shubenacadie et a été la première femme Mi’kmaq à détenir une licence d’enseignement en Nouvelle-Écosse et la première femme autochtone à enseigner dans une école non-autochtone au Cap Breton. Elle a enseigné aux personnes autochtones à être fières de leur héritage culturel. Elle a également reçu trois doctorats honorifiques et elle a été nommé membre de l’Ordre du Canada en 2010.